Au printemps est prévue la sortie du livre "BONJOUR" qui retrace les aventures et les rencontres de la récente traversée du Sahara. Vous pouvez dès à présent en réserver un exemplaire en cliquant sur l'adresse courrielle en bas de page et en laissant votre adresse mail. Je vous contacterai à mon tour lorsque le livre sera achevé.

Extrait :

... « Où vas-tu avec cet étrange vélo ? Au Sénégal ?! Non, tu ne peux pas, c’est loin ! Trop loin ! Et puis, il n’y a rien d’autre que du sable et du soleil. Rien, pas même pas de l’eau ! Et d’où viens-tu comme ça ? De Marrakech ?! Vous autres blancs êtes vraiment bizarres. Tu n’as donc pas de famille ? Quoi ?! Une femme et un fils ! Non, vous autres blancs êtes un peu fou. Voici quelques temps, un français comme toi est passé par ici avec sa femme. Chaque jour, il court quatre-vingt kilomètres pendant que sa femme le suit à moto. C’est un ancien champion olympique de boxe. Il a déjà couru vingt milles kilomètres, tu le connais, non ? Non ! Ah bon. Eh pourquoi fais-tu ça ? Hein ?! Pourquoi ? »

Pourquoi ? Voici une question à laquelle je suis bien incapable de répondre, même s’il m’arrive quelquefois d’y coudre, d’un fil de « soi », un raisonnement. Pourtant, ce n’est pas de l’ordre de la raison et les mots, si friables, ne peuvent en contenir le sens. Alors quand on me demande « pourquoi », j’évoque l’appauvrissement, cette fonction quasi-organique du voyage qui débarrasse le migrant de sa gangue, culturelle ou idéelle. Ce mouvement qui le ramène à fleur de vie, le rend léger, profond, … l’appauvrit. J’évoque aussi l’absurde, ce boitillement de nos vies, cette marche bancale qui nous mène au suicide, au mépris, à la folie. Et puis souvent je me tais. Je laisse la vie m’inonder, intégralement, pas de biais. Quelquefois aussi je m’en vais, par là ou à côté.

Le bitume coule aujourd’hui vers Laâyoune (Al Aïun), perle et capitale administrative du Sahara Occidental. A cette période de l’année, des vents de sable la balayent en permanence. Ces derniers semblent se gausser tant ils s’amusent à me retourner. Ils jubilent à tout déplacer, à tout renverser. Ainsi l’horizon, de disparaître et le ciel, de se ramasser. Par chance, la nationale, véritable chenal, me guide sans se lasser. Parce que tout s’effondre ! Le jour, les bas-côtés, les fesses et les idées. Tout s’effondre et se mélange. Le soleil ajoute encore à la confusion lorsqu’il bazarde ses rais dans ce fatras poussiéreux et l’agite de mille reflets. ...