Un questionnement

Il y a dans le martèlement du sol bien plus qu’un principe ou une distraction, et rien de moins qu’un art ou un questionnement.
L’art de pénétrer le réel, de se glisser sous le portique de ses lois, d’y appliquer sa foulée, humblement, jusqu’à la transe et quelquefois jusqu’à l’épuisement.
L’art de se frotter au monde, aussi, à ses exigences, géographiques, psychiques et physiologiques.
L’art d’anoblir une vie, enfin, par l’effort et le questionnement. Car, qu’est-ce que la course sinon un questionnement, une manière toute singulière d’interroger le monde avec ses muscles, avec son sang ? Une manière de livrer son cœur aux aspérités du temps, ses doutes, au dénivelé de l’existence ?
D’ailleurs, qui n’a jamais lavé ses doutes à l’eau des sentiers ? Ses doutes, ses peurs et ses envies, aussi ?
A n’en pas douter, la course à pied est une addiction, un supplément d’être. Une façon extraordinaire de vivre l’ordinaire.

« Courir longtemps nuit gravement aux idées reçues », François Castell